Il y a des individus totalement et définitivement hermétiques. Des murs. Des falaises. Pas moyen de leur faire entrouvrir (juste entrouvrir) les yeux et les neurones sur autre chose. Cet autre chose qui n’est pas qu’une méthode, cet autre chose que n’est pas QUE positif, cet autre chose qui nécessite de travailler, cet autre chose qui tire sa genèse des sciences, du bon sens et de la bienveillance.
Cet autre chose, certains l’appelle “éducation positive et amicale”, d’autres “éducation moderne et progressive”, “éducation respectueuse”, “éducation bienveillante”, en remplaçant de plus en plus le terme “éducation” par “approche”. Je n’entrerai pas ici dans un pseudo débat sur ce qui est approprié ou non, tout simplement parce que ce regard sur le chien, il est tout cela à la fois et bien plus encore. On ne peut même pas dire que c’est un truc nouveau, si l’on pense par exemple à “Don’t shoot the Dog”, de Karen Pryor, paru il y a plus de 30 ans aux Etats-Unis. Oui, définitivement, même dans le domaine canin, les Frenchies sont "légèrement" à la ramasse ...
Changer le regard
Ce regard sur le chien, on a parfois l’impression qu’il n’est pas sincère, qu’il est embué par un épais brouillard. Il m’arrive, malheureusement trop souvent, d’être témoin de situations pour lesquelles je n’ai aucune prise, aucune influence. Il y a l’exemple de cette petite chienne maintenant âgée d’un an, que j’ai vu grandir de loin depuis ses 2 mois.
De temps en temps, je croise une personne (âgée) avec une très jeune chienne portant un étrangleur. Cette personne est malheureusement hermétique à tout ce que j’ai pu lui expliquer et j’ai bien compris qu’il ne changerait pas d’avis. Son épouse m’avait pourtant pris une carte pour m’appeler, tout en m’avouant quelques jours après qu’il “avait ses idées à lui et qu’il préférait se débrouiller seul”. Cette petite n’a donc jamais appris la marche en laisse et elle n’a cessé de tirer les premiers mois. La situation était difficile : un couple d’octogénaires avec des troubles de la mobilité qui décide d’acheter un chiot de 2 mois. J’ai été très frustrée de ne pouvoir leur venir en aide. Je ne le suis plus lorsque je les croise, mais lorsqu’il m’arrive de voir cette petite chienne à l’étrangleur, promenée par son propriétaire ou occasionnellement par un dog-sitter manquant visiblement de connaissances, c’est difficile pour moi d’y être indifférente.
Ce couple m’a pourtant dit qu’il aimait cette chienne, qu’elle était “mignonne”. Mais le conditionnement dont ils ont fait l’objet depuis tant d’années, le même que l’on remet aussi en question dans le monde humain, a fini par annihiler leur capacité à se poser les vraies questions. La solution de facilité était alors toute trouvée : pourquoi demander de l’aide, pourquoi changer sa façon de faire (et d’être), alors qu’il suffit de punir pour “dresser” un chien ?
Je n’ai pas le pouvoir de changer l’opinion de tout le monde, personne ne l’a. Alors, à chaque fois que j’aperçois cette petite chienne dehors pendant que je promène l’un de mes chiens, je reste bien dans le champ de vision de la personne, pour qu’elle voit ma façon de faire et à quel point celle-ci favorise une relation dénuée de toute intimidation ou douleur. Je me dis que peut-être, un jour, il finira par ...
Sortir de sa zone de confort
Il m'arrive parfois d'être appelée, soit pour des cas nécessitant un travail potentiellement long, soit par des familles trop éloignées géographiquement.
Ces cas soulèvent deux questions :
la durée et la qualité du travail à accomplir que peuvent représenter des prises en charges telles que des comportements d'agression ou l'anxiété de séparation. Parmi les réponses que j'obtiens après avoir expliqué mon travail, il y a celles qui consistent à bloquer sur le temps que tout cela pourra prendre. Evidemment, je ne peux jamais garantir un nombre de séances ni une durée, puisque l'évolution dépendra de plusieurs facteurs inconditionnels. Avant même de vouloir travailler sur le terrain la réactivité congénères, j'insiste cependant sur la nécessité de placer la priorité sur le quotidien du chien, de travailler sur les antécédents, de mettre en place tout ce qui permettra au chien d'être mieux dans ses pattes. "J'entends ce que vous me dites, mais quand allez-vous mettre mon chien avec d'autres congénères ?" ... Il est encore parfois difficile d'ouvrir à une vision plus globale de l'individu (ici, le chien), cette vision qui s'attachera à comprendre l'origine du problème, celle qui aidera l'individu à se rééquilibrer et à modérer ses réponses.
Des solutions moins coûteuses et aussi efficaces que je propose aux clients trop éloignés, telles qu'une prise en charge à distance, en direct, sous ma supervision. Malgré une utilisation et une maîtrise de la technologie que certains professionnels, dont je fais partie, ont depuis maintenant quelques années, malgré les retours hyper positifs de mes clients et de mes élèves, je peux encore me heurter à de grandes hésitations, voire des refus. Les raisons évoquées oscillent entre une préférence pour le présentiel, le sentiment que "ça ne sera pas pareil". Je ne chercherai pas ici à convaincre qui que ce soit ... enfin si, un peu quand même ... Les nombreux avantages de ces modèles sont suffisamment expliqués sur mon site et mes réseaux sociaux.
Les temps ont changé. Pourquoi continuer dans une forme d’obscurantisme, pourquoi freiner des quatre fers, face à tout ce qui peut nous aider à mieux comprendre ? Elle fait si peur que cela la nouveauté ? Elle est ridicule, désuète ? Non, elle n’est pas ridicule, parce qu’elle a passé le cap maintenant, elle n’est plus nouvelle, elle est évidente. E-VI-DEN-TE. Elle est à la fois scientifique et empirique, elle est le bon sens.
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